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À l’occasion de la soirée Fairy Beach #2 par Fée Croquer à LaPlage de GlazartElectric Rescue a bien voulu répondre aux questions que vous lui avez posé. On remercie tout ce beau monde et les rédacteurs en herbe !

DURE VIE : Ton projet WLVS fait sa place dans la scène Techno actuelle, on peut s’attendre à un EP prochainement ou vous gardez ça plutôt pour les gigs ?

ELECTRIC RESCUE : W.LV.S va se transformer à nouveau en EP. Nous en avons déjà produit un sur Astropolis records l’année passée. Nous nous sommes mis d’accord il y a quelques mois avec un nouveau label d’envergure internationale qui vient tout juste de sortir un premier EP avec de beaux artistes. Nous signerons donc leur deuxième sortie. Au début ce projet était prévu pour clôturer le Festival Astropolis, mais vu le plaisir que l’on a pris et l’engouement que celui-ci a suscité on s’est laissé porté avec grand plaisir et depuis je ne saurais dire combien de dates nous avons fait, mais ça fait plus de deux ans que ça dure et c’est à chaque fois différent et magique donc on continue avec grand plaisir et on raisonne aussi production, studio etc …

 

DURE VIE : Le fait de côtoyer Manu le Malin depuis déjà plusieurs années vous a t’il rapproché de l’esprit breton d’Astropolis ? 

ELECTRIC RESCUE : En fait, on se connaît depuis 23 ans avec Manu et nous avons toujours eu des chemins parallèles avec un état d’esprit commun. Nous le partageons également avec la famille Astro qui est devenue la nôtre. C’est pourquoi nous sommes devenus résidents tous les deux. Manu l’est depuis le commencement et c’est normal, moi à peu près à mi-parcours. Je pense que cet esprit « breton » nous l’avons tous les deux depuis le début avec Manu et c’est ce qui nous a lié à l’Astro-family, c’est une chance monumentale.

 

DURE VIE : On imagine que tu tiens beaucoup à ta résidence au Rex (et nous aussi). C’est pas trop difficile de prévoir des djs sets toujours différents pour impressionner à chaque fois et éviter de faire du « déjà vu » ?

ELECTRIC RESCUE : Sincèrement je ne calcule absolument rien là-dessus, le Rex est pour moi une date plaisir et découverte. Je propose mes héros techno du moment ou intemporels, je passe tous les disques que j’ai déniché entre l’édition précédente et celle-ci simplement avec le cœur, juste ce que j’aime profondément. C’est à mes yeux un esprit pure techno et techno pure.

 

DURE VIE : Vous êtes un Défenseur d’une techno sans concession et sans compromis, à l’image de votre mentor et ami Laurent Garnier, vous n’avez pas sorti de Maxi depuis 2013 (Electric Rescue — Sonic Architecture 2013) que pouvez vous nous dire sur votre futur album ?

ELECTRIC RESCUE : Euh ! t’es bien sûr que je n’ai pas sorti de EP depuis 2013 ? 🙂 Je te laisse regarder çà. Mais peut être voulais tu dire LP (album) et dans ce cas oui je suis en cours de finition de mon album çà va faire presque deux ans que je suis dessus. J’y laisse des plumes, de la sueur et des doutes mais je suis à fond dessus car j’ai envie qu’il soit particulier, qu’il marque en bien ou en mal. Je ne veux pas qu’il soit un album qui fasse dire « Okay c’est cool » mais plutôt qu’il suscite du dégout, de la joie ou de l’introspection profonde. Cet album a été fait pendant une période compliquée pour moi et à fortiori il sera tout sauf rose ou happy house ah ah ah. Cet état d’esprit conjugué à mon activisme de « défenseur d’une techno sans concession et sans compromis », t’imagines bien que je ne vise absolument pas le top Beatport comme beaucoup trop d’artistes aujourd’hui. Ou bien les tops machins trucs dont je n’ai rien à taper, même si quand tu y arrives une fois tous les dix ans ça fait toujours plaisir de voir que tu touches un certain nombre de personnes. Mais je ne fonctionne pas à l’image, aux tops, à facebook, aux nombres de likes de merde, j’ai un fonctionnement techno, simple et humain.

 

DURE VIE : Travaillez vous dessus en solo ? Sinon pourrait t’on savoir qui a mis la main à la pâtes avec vous ?

ELECTRIC RESCUE : Tout dépend des projets, pour Electric Rescue je suis en solo oui, mais pour möd3rn, W.LV.S ou toutes les autres collab évidement le plaisir est de se retrouver à plusieurs en studio ou sur scène pour partager et se fendre la gueule. Concernant le travail album, il est vrai que j’ai fait appel sur mon dernier album à mon ami Grand Cavaliere pour y mettre de l’acoustique, de la voix et un peu de compo. Mais pour ce nouvel album j’ai voulu me mettre en danger complètement, faire le point avec moi-même, gravir la montagne seul et voir ce que j’avais encore dans le bide. C’est pas tous les jours facile mais j’ai besoin de me retrouver face à moi-même et d’extirper tout ce que j’ai au plus profond de moi, ça prend du temps. C’est la première fois que je fais un album avec tous les problèmes que j’ai rencontré mais j’enlève les nœuds un par un et aujourd’hui le fait d’avoir fait ce chemin est super intéressant et je me sens d’attaque. Le tempo de réalisation de celui-ci s’accélère …

 

DURE VIE : Quelle vision voyez vous pour l’évolution de Skryptöm ?

ELECTRIC RESCUE : Il est sans calcul comme ma résidence au Rex. J’aime développer de jeunes artistes, c’est devenu involontairement ma spécialité. Après on vient me les piquer quand j’ai fait le boulot avec eux, ça aussi c’est devenu une spécialité. Mais maintenant ça me fait marrer et ça donne une valeur énorme à Skryptöm. Un peu comme une source d’artistes et c’est un gros kiffe car l’énergie des artistes émergents est fantastique, ça évite le côté blasé de pas mal de gros artistes qui deviennent du coup inintéressants. C’est important de garder de la fraîcheur pour durer et beaucoup d’artistes l’oublient très vite avec le succès et tournent à gogo au lieu de se préserver. Mais c’est comme ça, le succès et l’argent font oublier les bases à certains des artistes. D’autres, comme les artistes Skryptöm, je leur inculque ces bases de vie d’artistes et ils les retiennent. Du coup cet état d’esprit conjugué à leur talent fait forcément une recette magique.

Niveau ligne directrice elle est bien sûr techno, à laquelle je donne de la largeur en prenant des artistes avec de l’envergure musicale, pas des artistes produisant une musique tunnel. Mélanger à des remixeurs que nous aimons en commun ça donne le bordel Skryptöm. Les prochaines sorties sont Kmyle, le petit dernier qui va faire beaucoup de bobos avec secluded en remixeur. Le suivant sera pour l’automne avec moteka (la suite logique de pierre delort et rémy maurin, pour un troisième Skryptöm) avec un remix de xhin. Il y a d’autres EPs et albums en préparation, on a des trucs prévus jusqu’à l’été prochain mais il y a toujours de la place pour de la bonne musique surprise qui tombe, toujours….

 

DURE VIE : Une Soirée Play à l’horizon?

ELECTRIC RESCUE : L’envie est là, les lieux adaptés à ce concept deviennent très rares et je n’ai pas envie qu’on se répète avec virginie. On va revenir à un moment c’est sûr, mais ça sera pas pour rigoler … et certainement avec la famille Astropolis. Le seul truc qui nous manque c’est le lieu de dingo, sans reprendre un lieu que d’autres utilisent, mais on veut apporter un truc personnel et unique. Sinon à quoi bon, ce que je rêvais depuis 25 ans pour Paris est en place aujourd’hui avec tout ce qu’il y a Weather, Concrete, Tunnel, 1936, Newtrack, Fée Croquer et j’en oublie plein qu’ils ne le prennent pas mal, je n’ai cité que ceux que je connais le mieux. Mais Paris est devenu la capitale mondiale de la techno, c’est le paradis pour moi, du coup ça me ravit et ça me change de quand j’étais le seul débile à proposer de la rave techno à Paris pendant les années 2000. Même s’il y avait de temps à autres quelques trucs, c’était pas très drôle. Aujourd’hui c’est génial ce qu’il se passe, il faut que ça dure et se méfier des contrefaçons tout en restant open aux bonnes âmes 🙂

 

DURE VIE : Comment imagines-tu le futur de la scène techno parisienne ?

ELECTRIC RESCUE : Maintenant Paris est techno et va le rester un bout de temps, les 5 à 10 prochaines années vont être bonnes, faut juste faire gaffe aux « technopportunistes » comme pendant les années 90 qui ont niqué la techno à Paris en voulant faire du fric. Mais la techno est une musique du ghetto et refoule systématiquement l’esprit lucratif prioritaire. Bien sûr il faut de l’argent et il n’y a pas de mal à ça, mais le moteur de tout cela doit être la passion de la techno, il n’y a pas débat là-dessus. Au delà de ces 5 ans c’est à nous de l’écrire, de nous organiser et de nous souder, au lieu de nous créer des guéguerres de clochers comme ont fait les orgas des années 90. Ça ne sert à rien, il faut s’organiser et se respecter, il y a aujourd’hui de la place pour tout le monde. Et tant mieux ! Il faut se parler, échanger, ne pas garder tout pour soi. Plus on partage plus on dure, s’enfermer c’est imploser et mourir. Donc si on part sur ces bases alors j’imagine un futur magnifique pour la techno et la musique à Paris, on est la ville de la culture ou quoi ??? 🙂
Je dois être un utopiste moi, non ?

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Merci encore à Fée Croquer, à LaPlage de Glazart et bien sûr à Electric Rescue d’avoir permit la réalisation de cette interview. On tient également à remercier Robin Perrault, Mathias Janin, Alexis Girard et Maël Docin-Julien pour leurs questions. On se retrouve Vendredi à LaPlage pour voir cet emblème français !

Interview retranscrite par Axel Fenaux

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