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Photo de droite : ©Flavien Prioreau

Vous avez déjà pu croiser le chemin de la chroniqueuse de Villa Schweppes Juliette Hautemulle dans les couloirs de la nuit parisienne, armée de son appareil photo et toujours présente au bon moment pour capturer les meilleurs instants de la soirée. Passionné de House Music, le dj et producteur parisien Thomas Zander aka TVfrom86 connaît un très bon début de carrière avec des sorties chez Popcorn Records et Roche Musique et des djs set dans de nombreux grands clubs parisiens. Le couple m’a chaleureusement invité dans leur appartement pour discuter de leur projet commun qui vise à créer un label qui risque de faire du bruit dans vos oreilles très prochainement : IN THE BOX RECORDS.

Duke de la Dure Vie • Inévitable question lorsque l’on interviewe un couple : comment vous êtes-vous rencontrés ?

Juliette + Thomas • On se connaît depuis 10 ans maintenant. On avait des copains en commun et, du coup, on se croisait de temps en temps en soirée. Ensuite, on s’est un peu perdu de vue pendant un moment, et on s’est recroisés il y a plus de deux ans à la Blue Origin à Saint-Denis. On a passé la soirée ensemble puis notre relation s’est concrétisée à un événement Popcorn au Zig Zag. On peut dire qu’on s’est embrassés pour la première fois devant Moodymann.

 

Duke • Quelques questions pour Juliette : Ton expérience chez Villa Schweppes t’a fait beaucoup sortir, naturellement, est-ce que ça t’a fait particulièrement aimer la musique électronique ?

Juliette • C’est quelque chose d’assez fort et que j’aime bien dire : j’ai vraiment commencé à apprécier la musique électronique en sortant, et grâce à Villa Schweppes bien-sûr qui me permet d’aller à beaucoup d’événements où je ne serais pas forcément allée de moi-même. Souvent, c’est en découvrant un DJ lors d’un set ou d’un live que j’ai eu envie d’écouter plus de lui. Je suis vraiment ce qu’on appelle une fille de terrain, qui a besoin de sortir de mon ordinateur et de mon casque.

Thomas : Sortir dans différents lieux ça aide à faire découvrir et aimer la musique. On était allés à une des premières soirées de Jeudi Minuit à La Java en 2014 grâce à Villa Schweppes, j’avais « shazam » un son que j’ai adoré sur le moment, c’était« Brother » de Leon Vynehall et j’ai commencé à avoir une grande passion pour cet artiste.

Juliette • Je dois aussi avouer que Thomas m’a apporté une bonne culture musicale !

Duke • C’est pas chiant de devoir shooter des noctambules éméchés qui te demandent – comme moi – de les prendre en photos en pleine soirée ?

Juliette : Non les plus chiants c’est ceux qui, comme toi, demandent : « S’il te plaît, tu peux la supprimer celle-là ? ». (je rigole hein) En vrai, j’ai rencontré pas mal de photographes et ils m’ont donné leur technique. Au début je perdais du temps à expliquer que je n’avais pas le temps et que je ne pouvais pas prendre en photo tout le monde (surtout si ces derniers n’étaient pas en état). Maintenant, je leur dis juste : « Oui ok pas de souci » et je prends la photo rapidement.

 

Duke • Et tu prends vraiment la photo ?

Juliette : Je la prends et je la supprime, pour le bien de tout le monde.

 

Duke • Arrives-tu tout de même à apprécier ta soirée quand tu shootes ?

Juliette • J’ai une certaine liberté dans la réalisation de mes reports, je n’ai pas un nombre de photos imposé. Je dois aussi écrire une chronique qui relate la soirée en donnant mon ressenti, du coup je profite aussi comme n’importe qui.

 

Duke • Des questions pour Thomas maintenant. Petite fleur, cadeau : une tuerie ta reedit « Purple people » sur Pop Corn qui reprend des samples de « Funkin’ for Jamaica » de Tom Browne. Dans ton ep sorti en 2014, y a des remix de S3A + Creative Swing Alliance, ça a été ta rampe de lancement ?

Thomas • Au départ l’ep devait sortir avec un remix de Pablo Valentino qui nous a fait plusieurs propositions dont une qui nous avait plue avec son binôme Steven Wobblejay avec qui il forme le duo Creative Swing Alliance. À ce moment-là, Max (aka S3A = Sampling As An Art) venait tout juste de sortir son label S3A Records. Avec les patrons de Popcorn, Dima et Tonio (aka Siler), on lui a proposé de participer au projet et ça l’a bien chauffé. Il a été super efficace : en une semaine il avait confirmé et en 48h il nous a envoyé son remix qui était nickel. Avoir de bons gros remixeurs sur un EP, ça aide aide à décoller.

 

 

Duke • Comment es-tu entré chez Popcorn ? 

Thomas • On était au collège ensemble avec Dima et Tonio, c’est des potes de très longue date. Je bossais avec eux sur le label et ils m’ont proposé d’enregistrer un EP, ce qui était la suite logique. Je me suis lancé pendant deux mois un été, je leur ai proposé trois tracks qu’ils ont tout de suite acceptés.

 

Duke • En parlant de Siler & Dima, une petite dédicace ou un mot d’amour à leur dire?

Thomas • J’ai plein de choses à leur dire ! Du fait que je travaillais avec eux, ils m’ont apporté une dimension que je n’avais pas, ont développé ma culture musicale et m’ont permis de comprendre le fonctionnement d’un label indépendant. C’était un vrai plaisir de bosser avec eux et « je vous aime ! ».

 

Duke • Tu as des sorties prévues sur d’autres labels ?

Thomas • Je ne peux pas en parler pour le moment, mais je suis en contact avec deux beaux labels, dont un qui est particulièrement puissant. Pour le moment je suis dans un processus d’échanges sur les détails et dates.

  

Duke • Plusieurs personnes m’ont dit que ton set était juste fou après celui de Max Graef à l’événement de Popcorn au Badaboum samedi dernier (5 décembre 2015), tu l’as senti comme ça aussi ? 

Thomas • C’est assez étrange, parce que je n’étais pas du tout dedans avant le set. Pas très en forme. Le Badaboum est un club que j’adore. Je me suis tellement familiarisé avec le lieu et ceux qui le tiennent que je m’y sens bien et ça s’est donc super bien passé sans non plus penser que je fais quelque chose de fou.

Juliette • Je l’ai dit à Thomas le lendemain, le public a vraiment été super ce soir-là. J’ai rarement vu ça !

 

Duke • VOUS avez décidé de lancer votre propre label In The Box – je suis quand même là pour ça. Comment a l’idée a t-elle germée ?

Thomas • À l’époque où je bossais chez Popcorn, j’avais déjà des envies liées à ça. Je proposais à Siler & Dima de signer des artistes, et ils étaient plutôt pour que je prenne plus de responsabilités notamment sur la Direction Artistique. Ça ne s’est pas fait au final, ce n’était pas un manque d’envie mais plus un manque de temps. Je ressentais une vraie envie d’acquérir la liberté de signer des artistes que j’aimais bien. Ça s’est développé au fil du temps lors de moments où je passais du temps à écouter plein de sons sur Youtube ou Soundcloud dont les descriptions affichaient « Unreleased ». Je me suis dit que ce serait cool de pouvoir avoir une structure pour répondre à ce besoin.

Juliette • Thomas avait des doutes par rapport à la création d’un tel projet, il avait juste besoin d’encouragement, alors je lui ai dit : « Allez, on le fait ! ».

Thomas • Cette envie de lancer un label date. Quand je sortais de mon école de son, j’étais en stage au studio de La Grande Armée et le Directeur Technique m’avait dit : « Moi je ne comprends pas ces jeunes qui sortent d’école de Son et qui lance leur studio ». Il faut d’abord comprendre le fonctionnement et se faire des contacts avant de pouvoir en monter un. On a décidé de se lancer aujourd’hui parce qu’on sait qu’on a toutes les armes nécessaires pour pouvoir le faire.

 

Duke • Dans quelle direction vous dirigez-vous musicalement ?

Thomas • Donner des termes par rapport au style de musique est très difficile, je dirais que la Direction Artistique s’inspire de la musique house samplée mais on ne s’impose aucune limite. Si un jour on tombe sur une musique techno incroyable et qu’il y a un truc à faire, on fonce !

Juliette • Le label se dirige dans la lignée de ce que fait et écoute Thomas globalement. Même si on ne se cantonne pas qu’à un seul style sur le long terme, c’est tout de même important au début de rester dans une ligne assez précise.

Thomas • C’est vrai que j’aime bien l’idée de trouver une sonorité propre à un label. Nous avons cette ambition bien que ce soit très compliqué.

 

Duke • Il y a tout de même un danger de retrouver trop de similitudes. Je prends l’exemple du label suédois Local Talk que j’adore mais qui propose trop de sorties selon moi et dont certains titres de différents artistes se ressemblent beaucoup.

Thomas • Oui c’est très complexe de proposer une diversité tout en ayant une ligne singulière et unie. Nous allons essayer de rester fidèle à une vision sans se ferme des portes pour autant.

 

Duke • Comment vous répartissez-vous les contributions ? 

Juliette • Thomas est le Directeur Artistique du label, Thomas me demande mon avis bien-sûr mais c’est lui qui prend la décision finale. Je m’occupe davantage de la communication et des relations presse. Nous échangeons beaucoup et participons tous les deux aux différentes missions.

 

Duke • Musicalement, vous aimez les mêmes choses ? Ça a toujours été le cas ? 

Thomas • Oui c’est très complexe de proposer une diversité tout en ayant une ligne singulière et unie. Nous allons essayer de rester fidèle à une vision sans se fermer des portes pour autant.

 

Duke • Qui dit label dit releases. Qui, quand, comment ?

Thomas • Nous avons le désir et l’ambition de faire des sorties en digital mais aussi en physique, en vinyle. Le premier projet concerne Moony Me, un jeune homme de Vienne qui a une maîtrise du sample incroyable.

Juliette • Il est super motivé et carré dans sa manière de bosser.

Thomas : Il nous a envoyé tellement de choses bien, à tel point qu’on ne savait même plus où donner de la tête. Pour le moment, on souhaite sortir des EPs avec deux tracks maximum et un ou deux remixeurs éventuellement. Notre première sortie sera donc un EP de Moony Me avec deux productions et deux remixs d’artistes qu’on ne peut pas citer pour le moment. Et pour la suite, nous sommes en contact avec pas mal d’artistes qui sont intéressés par le label, mais vu que c’est encore le début on préfère éviter de se précipiter.

 

 

Duke • Vous commencez fort avec un événement au Badaboum le samedi 2 janvier (2016) et une programmation aux petits oignons le british Dan Shake et les french de La Mamie’s. Ça fait quelle sensation d’organiser sa première propre soirée ? 

Thomas • On est tellement content d’organiser notre première soirée dans un club comme celui-ci. J’avais parlé de Dan Shake avec le Directeur Artistique du Badaboum, Martin Munier, qui était chaud pour le booker. Quand je lui ai parlé de mon projet, il a été séduit et nous a tout de suite proposé une date.

Juliette • Les garçons de La Mamie’s avait déjà programmé Dan Shake à un de leurs événements et ont, paraît-il, toujours gardé contact avec lui. Du coup, ils étaient contents qu’on leur propose la date au Badaboum. Ça va être super cool, tout le monde va se retrouver en quelque sorte.

Thomas • Finalement, nous avons prévu trois dates au Badaboum d’ici septembre.

 

Duke • Pourquoi ne pas avoir programmé Juliette également ?

Juliette • Mais merci ! Non en vrai jamais de la vie.

Thomas • Tu sais que c’est une bonne question parce que je me suis fait la réflexion récemment « Et si on calait Juliette en résidente… ».

Juliette • Je ne mixe pas et il n’a jamais été question de m’y mettre.

Thomas • Un jour peut-être ! Mais j’aurais un peu peur de ses réactions un peu trop excessives si quelqu’un lui demande de changer de track ou d’en mettre une en particulier.

Juliette • La grosse mandale. Non mais en vrai j’ai beaucoup trop de respect pour les musiciens et la musique en général pour m’improviser platiniste.

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Duke • Est-ce qu’on peut s’arrêter sur ce logo qui donne envie de se poser trois questions. 1/ Qui l’a fait ? 2/ Quel était le brief créatif ?3/ Un sens en particulier ou l’association de deux éléments opposés pour le délire ?

Juliette • Pauline Sciot, qui l’une de mes meilleures amies. Elle est graphiste mais surtout illustratrice à l’origine. Elle aime vraiment dessiner depuis toujours et a un rapport particulier avec le papier.

Thomas • Elle m’a vraiment impressionné, elle comprend très vite ce qu’on lui demande. Elle nous a proposé des axes très rapidement, et elle tombait toujours juste.

Juliette • Le problème c’est pas le brief, mais les « brieffeurs ».

Thomas • Il y a une petite histoire derrière le brief. Lorsque j’avais sorti Purple People sur Popcorn Records, Juliette m’avait proposé de s’occuper de la Com. Pour éviter de tout mélanger, on lui a créé une adresse mail spécialement pour ce projet.

Juliette • Je sais pas trop pourquoi mais je lui ai dit : « On va appeler ça « What’s under my bed » (whatsundermybed@gmail.com).

Thomas • Il faut expliquer : Juliette a une grande passion pour les films d’horreur, tu ne sais pas à quel point.

 

Duke • C’est ironique ?

Thomas • Non c’est super sérieux. Walking Dead vient se s’arrêter, c’est dramatique pour elle. À ce moment-là je revenais d’une tournée en Asie où j’avais passé pas mal de temps avec Joakim le boss du label Tigersushi dont le logo est un petit tigre pixellisé. On voulait mélanger cet univers qui me plaît avec une ambiance de film d’horreur que Juliette affectionne. C’est parti de l’idée d’un petit monstre sous le lit, d’où « What’s under my bed ».

Juliette • On a brieffé Pauline avec toutes ces idées et elle nous a proposé une planche avec plein de petits monstres. On en a gardé un pour la mini-structure qui était encore fondée uniquement pour le management et la communication de TVfrom86, nom de scène de Thomas. Et puis, au moment de la création du label, on a décidé d’utiliser une autre de ces illustrations en guise de logo du label. Problème : on n’avait toujours pas de nom… J’ai alors regardé le monstre et j’ai dit à Thomas après un long brainstorming sans résultat : « Je sais pas, c’est difficile parce que c’est juste un dino avec une boîte sur la tête, en fait. « In The Box » est venu naturellement.

Thomas • La provenance du nom est longue à expliquer, mais c’est né de beaucoup de discussions étalées sur une longue période avec beaucoup de rebondissements.

(Interview réalisée par Duke de la Dure Vie)

Rendez-vous le samedi 2 janvier 2016 pour le premier événement IN THE BOX Records au Badaboum avec Dan Shake, La Mamie’s et TVfrom86 ! 

Dan Shake La Mamie s TVfrom86 In The Box Records Badaboum 2 janvier 2016

IN THE BOX RECORDS : Facebook page

Pauline Sciot, illustratrice : www.paulinesciot.com