Rex Club 25 Years 25 ans Alexkid Interview Dure Vie Lena Novello

On ne pouvait pas prétendre faire un focus sur les 25 ans du Rex Club sans évoquer la figure de AlexKid. Magénicien de la house avant tout, il se caractérise sur ses prods par des sonorités qui transcendent le genre. Le 7 Novembre au Rex on y était, il jouait aux côtés de Loco Dice et de DJ Quo où il nous a offert un live pointu de house therapy.

Le parisien, aujourd’hui installé à Berlin, nous parle de teufs, de lui et d’electro.

Entretien.

Rex Club 25 Years 25 ans Alexkid Interview Dure Vie Lena Novello Alex Kidd

• Alexis Mauri, pourquoi lui avoir volé la vedette ?

Il s’agissait tout simplement d’un jeu vidéo intégré à la Sega master system… Ma tante y jouait tout le temps, et c’est un peu grâce à elle et son magasin de disques que j’ai pris goût à la musique quand j’avais 6 ans. D’ailleurs j’ai utilisé une photo de son magasin de disques pour en faire la pochette de mon premier album Bienvenida en 2001.

Rex Club 25 Years 25 ans Alexkid Interview Dure Vie Lena Novello Album Bienvenida

• Tu fêtes bientôt tes 39 ans, le Rex a fêté ses 25. Tu avais 14 piges et pas encore de poils au menton quand tout a commencé 5 boulevard Poissonière. Toi qui a mûri à Paris, quelles fûrent tes premières expériences de la Teuf ?

Une rave Mozinor fut ma première expérience… au parc des expositions de Montreuil ! Après ça j’ai commencé à fréquenter les raves de manière assidue. C’était très mélangé à l’époque. Il n’y avait pas vraiment d’identité… c’était génial. Il y avait un esprit qui parfois me manque de nos jours. Mais je ne perds pas espoir !

 

• 14 ans. Aussi la nouvelle norme de l’âge des premières perches chez nos confrères prépubères. Une inconscience globale quant aux conditions du “bon” usage de la drogue : mélanges systématiques à l’alcool, bad trip trop réguliers … Un fléau touchant une population de plus en plus large, de plus en plus jeune.

Les Britanniques ont réagi. Une Clinique spécialisée dans les addictions (mdma/cocaïne/kétamine/GHB…) – la Club Drug Clinic-  a ouvert ses portes à Londres aux clubbers ayant perdu le contôle de leur consommation. Parmi ses patients, autant de teuffeurs que de Dj’s…

Le rapport à la drogue dans le milieu electro s’est largement démocratisé, certes. Si aujourd’hui quiconque peut trouver sa cam en vente libre sur le net et que la défonce est devenue la norme comment l’as tu vécu toi, cette explosion psychotrope depuis les années 90 ? Quel impact sur le rapport DJ/public ?

La défonce est une norme qui existe dans tout type de musique depuis des lustres… ce n’est pas exclusif à la musique électronique. Je ne suis pas quelqu’un de psychorigide au sujet des drogues, Mais il est vrai que trop de gens font tout et n’importe quoi. Il arrive parfois que les gens m’emmerdent quand ils sont trop scotchés, ils sont ennuyeux… ou alors au contraire ça peut créer une sorte de communion. De mon coté, mes premières expériences furent bien tardives… et je me souviens que j’avais arrêté d’aller en rave parce que ça devenait glauque… et j’avais commencé à aller au Rex, car les gens privilégiaient un rapport à la musique.

 

• C’est d’ailleurs ce que Laurent Garnier a voullu ironiser lorsqu’il nomme son label F communication. Pour l’anecdote, mettez vous dans l’ambiance rave parisienne des années 90, un public ecstasyé qui affiche fièrement ce “E” symbolique floqué sur le reste suant de ce qu’on peut appeler un t-shirt. Laurent Garnier en profite pour s’en amuser : “After E comes F” et de là naît le F de Fcom’. À tes yeux, ce F évoque plûtot les 3 albums ( Bienvenida, Mint, Caracol) signé avec le label.

Un mot, une odeur, une anecdote sur cette rencontre ?

C’était le début pour moi, je m’amusais beaucoup, c’était une bonne équipe. On avait parfois nos désaccords, mais c’était vraiment cool. Il y avait un petit esprit de famille que je n’ai jamais réussi à retrouver, mais je vais m’attacher bientôt à recréer quelque chose avec cette même passion et état d’esprit.

 

• Propulsé sur le gratin de la scène éléctro, tu enchaînes depuis les collaborations avec des labels de compet’.  Entre FreerangeRecords, Cadenza Split Composition, Desolat, Rekids avec lequel tu viens de produire un remix de Nina – “Pain in the ass”, et aujourd’hui Artist Alife, t’es un peu partout en même temps non ? Ou est ce que tu te reconnais le plus ?

Alors je vais corriger un peu tout ça : après douze ans sur Fcom , j’ai eu envie de ne pas appartenir à une famille, mais de multiplier les releases sur des labels que je respectais et que j’aimais.

Six ans plus tard, j’ai au contraire envie de créer quelque chose, car sortir à nouveau sur un “gros label” ne changera pas ma vie. Ce n’est aucunement une question d’identité. Je suis d’humeur changeante !

 

• Fonder son propre label, le prolongement naturel d’une carrière de plus de 10 ans ? Kid records, ça sonne bien ?

Ce sera Wu-Dubs et non pas Kid Records. Mais en effet c’est une suite logique. J’avais déjà tenté l’expérience du label, et j’avais arrêté. Maintenant j’en ai envie à nouveau. J’ai appris certaines choses de mes maladresses de label débutant et maintenant mes envies sont plus claires. Ce sera uniquement en vinyle. Je vais aussi faire à un moment ou un autre un label d’electronica et de musique expérimentale, qui lui sera uniquement digital. Mais pour ce qui est de Wu-Dubs, la direction est claire. Club et Dub !

 

• En attendant, après 5 ans de  résidence au Week-end , tu as déménagé ton tos-ma à Berlin. Le Watergate, Club der Visionaere, la routine pour toi. Accaparés par les touristes, ces clubs mythiques sont des fruits de paradoxes. Car si ces lieux se popularisent, la pointure musicale n’en perd pas moins de sa réputation et tient la barre. Haut. La demande de plus en plus intrasigeante, il y a une véritable exigeance de qualité. Certains parlent même d’une intellectualisation de la techno.

Snobisme et masturbation cérébrale ou ouverture sociale ?

Il y a un peu des deux. Les gens viennent à Berlin en se disant qu’ils vont écouter quelque chose d’exceptionnel, et souvent sont plus ouverts d’esprit. Touristes ou pas, ce qui m’importe c’est ça : l’ouverture d’esprit. Tous les clubs à Berlin sont pleins de touristes, et quand il n’y a que des allemands ce n’est pas toujours plus fun. Quant au dj, le medium ne m’importe pas, même si je pense qu’il est important d’avoir les “skills”. Je suis contre le sync mais je ne suis pas contre le laptop. Mon label sera vinyl only, mas je ne suis pas un intégriste du vinyle. Je pense juste que les gens doivent faire des efforts pour leur passion. J’en ai fait et je continue d’en faire. Ce qui est bien, c’est que je perçois une tendance dans le monde à aller rechercher des choses plus “obscures” et plus rares, je trouve ça intéressant. Ce n’est pas exclusif à Berlin .

Mais sinon, oui, il y a trop souvent trop de snobisme. Plein de gars mixent mal, mais ils sont “vinyl only”…

 

• Comment imagines –tu la scène éléctro dans 10 ans ?

Je n’en sais rien, franchement je n’aurais jamais imaginé continuer à mixer à l’âge de 38 ans…

 

• ParaÎt que le Kid est Papa… Pour noël c’est game boy color ou platines Traktor ?

Kid est Papa depuis longtemps ! Elle a 6 ans et je l’ai emmenée me voir mixer à Ibiza cet été à tINI and the gang elle a adoré. Elle était super fière et veut apprendre à mixer pour que nous puissions voyager ensemble. Elle me demande de faire des backs 2 back… Trop mignon.

 

• Quand est ce qu’on te revoit ?

28 décembre pour la WE WANT DANCE au Showcase.

 

• On y sera, sans faute.

Lena Novello