Lawrence et la sensibilite electronique Smallville Records Dure Vie Lauren Chamagne

Peter M. Kersten, l’étoile de la deep house mélodique et le maître du sensible et de l’infiniment beau est plus connu sous le pseudonyme Lawrence. Il est l’un des co-fondateurs avec Carsten Jost du label Dial Records, célèbre pour ses sorties de Pantha du Prince, Efdemin, Roman Flügel, John Roberts ou encore Isolée.

Kersten se cache derrière deux autres side projects moins connus : Lloyd où il pratique un abstract hip-hop du meilleur goût et Bordeaux, projet drone ambient à la guitare.

Son disque le plus marquant est sans nul doute The Essence paru en 2008 en tant que Sten. Il y déploie une techno faussement minimale pour esthètes, dans la droite lignée de son illustre comparse Pantha du Prince.

Inspiré à la fois par les classiques de la techno de Detroit et par la vague acid-house des années 1990, il a inondé les clubs de sa ville natale avec une house très personnelle, brumeuse sans être sinistre, profonde sans être pesante. Figure incontournable de la scène hambourgeoise, Lawrence est l’un des producteurs les plus respectés de la sphère électronique.

Présent sur les 3 précieux labels , Pampa , Smallville et Dial, la musique de Lawrence a toujours tenté de dessiner cet horizon où se croiseraient les aspirations futuristes et décadentes de la motorcity et la froideur du groove minimal allemand en le teintant de nostalgie et de baléarisme.

Gris, telle est la couleur des pochettes des disques de Lawrence. Après Lawrence et The Absence of Blight, le petit dernier ne déroge pas à la règle. Dans une atmosphère floue, la pochette de The Night Will Last Forever sortie en 2005 annonce une nouvelle fois la couleur, ou plutôt l’absence de couleurs, qui fait tout le charme pluvieux de la techno de ce producteur de Hambourg.

Ce troisième album synthétise ses différentes aspirations, provoquant une lévitation de l’auditeur bien au-delà des nuages (le piano féerique de Falling down a Dam of Mashed Potatoes), à des kilomètres au-dessus de l’excitation du dance-floor, où il se permet de redescendre de temps à autres comme avec le joli single Swap, parfait pour twister en pardessus noir. Un album envoûtant pour dormir heureux ou danser triste.

 

Tout le potentiel dansant et méditatif de Lawrence s’aperçoit à travers l’album Until Then, Goodbye sortie en 2009 sous le label Mule electronic.

Plus qu’aérien, Lawrence associe des nappes orchestrales et de cristallines percussions digitales à son grain de basse si particulier. Bien que progressive, sa musique apparaît ici bien plus hypnotique qu’entraînante. Il y règne un doux spleen aussi réchauffant que la tendre caresse d’un rayon de soleil levant.

La première partie du LP est très jolie bien que parfois, un peu linéaire. On y décèle néanmoins des moments de grâce comme sur Sunrise, Jill, Todenhausen Blues ou The Dream.

C’est réellement à partir d’In Your Eyes que cet opus prend une autre direction. Les kicks se montrent gentiment plus incisifs, le tempo s’accélère.

Don’t Follow Me illustre bien cette transition, flirtant même parfois avec la dub-techno. Le magnifique et mélancolique piano qu’on avait déjà aperçu plusieurs fois au long du disque atteint des sommets de beauté sur le magnifique mais un peu court A New Day. L’album se clôt sur Until Then, Goodbye mélangeant folk et techno Superbe.

 

Parlons donc de sa sortie sous la label Pampa en 2011, Lawrence nous livre ici deux titres atmosphériques et planants à souhait, très club enchainant de longues nappes de claviers et des rythmes lancinants qui forment une impression d’abysse tout au long de l’écoute. Kurama en référence au nom d’une montagne japonaise redonne à la house sa pureté, avec cette touche glaciale propre à l’artiste et est dans la lignée des disques précédents du label, psychédélique à souhait Sa passion pour le Japon est musicalement mise à l’honneur (le rêve le plus fou de Lawrence étant d’ouvrir un bar à yakitori à Hambourg.)

 

Récemment Lawrence sort l’album Films and windows en 2013 sous Dial, un disque du soir, hymne à la nonchalante introspection, mais aussi paradoxalement attiré par la lumière, par le sud. Dans son rêve, celui qui vit la nuit est tout entier tourné vers la lueur du jour (et ses avatars). Ce nouvel opus est au contraire une bonne nouvelle et une surprise d’autant plus inattendue dans le giron deep house qu‘elle émane de celui qui en a esquissé il y’a quelques années le possible renouveau. Films and windows est une véritable leçon d’humilité, une révérence à un passé qui n’est pas qu’un simple souvenir peuplé de fantômes mais aussi une source d’inspiration qui ne tourne jamais totalement le dos à la modernité.

Ce très bel et touchant album marque donc un jalon important dans la carrière de Lawrence tout comme pour la deep house en 2013, que beaucoup croyaient moribonde. N’en déplaise à ceux qui l’auraient enterrée un peu trop vite, la deep house est encore bien vivante.

Rendez vous donc le Vendredi 28 MARS pour la soirée Dial all night long à l’occasion de l’ouverture du Wihmini Festival avec Lawrence , Pantha du Prince, un live d’Isolée et de John Roberts. On vous fait gagner des invits !

Lauren Chamagne

wihmini festival day 1 zig zag vendredi 28 mars 2014