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A l’occasion du Weather Winter 2015 qui se déroule ce weekend sur la capitale on a eu la chance d’interviewé Nicolas, alias DJ Steaw. Ce dernier vous fera groover le samedi 19 décembre dans la Warehouse A. Attention tenez vous bien il est chaud de retourner le Paris Event Center à lui tout seul ! Et on le croit !!! 

DV : Est-ce que tu as toujours voulu être dans la musique ?

DJ STEAW : Oui depuis tout petit.

DV : Est-ce que tu fais un autre métier à côté ?

DJ STEAW : Oui je suis chef cuisinier. Mais plus pour longtemps j’espère !

DV : Pourquoi Dj Steaw ?

DJ STEAW : C’est une vieille histoire. Avec un pote on regardait les Simpsons et dedans ils n’arrêtent pas de dire Steaw (prononcé stou). C’est très con, c’était une plaisanterie à la base et puis c’est resté.

DV : Est-ce qu’il y a une rencontre musicale qui t’a fait commencer la musique, un artiste en particulier qui t’a marqué ?

DJ STEAW : Kerri Chandler et beaucoup de djs de Chicago. Grâce à mon père j’ai beaucoup écouté de musique dès mon plus jeune âge avec les disques de Giorgio Moroder, Space et tous les trucs disco… La house n’était pas arrivée encore. Mais ne serait-ce que avec les Pink Floyd et leur track « On the run » de l’album « Darkside on the moon », qui était limite techno à l’époque.

Sinon j’écoutais une émission sur une radio qui s’appelait Radio Laser. J’enregistrais les émissions sur des cassettes j’étais comme un fou. J’attendais ça avec impatience chaque samedi.

DV : Tes inspirations ?

DJ STEAW : Chicago, Détroit, New York très simplement.

DV : Comment est-ce que tu digg ?

DJ STEAW : Internet, disquaires, et les démos de copains. J’essaie de favoriser les copains d’ailleurs. Et sinon Internet ça aide beaucoup oui c’est de la folie. Gemm à l’époque, puis Discogs maintenant. C’est génial c’est la bible.

DV : Vinyle ? Mp3 ?

DJ STEAW : Je joue les deux, le mp3 me permet de jouer mes nouveaux tracks et pour essayer celles des autres.

DV : Tu as commencé à Rennes la musique ?

DJ STEAW : Oui j’ai commencé à Rennes. Aucun de mes proches n’étaient là dedans. Mais au fil des rencontres chez les disquaires et dans les soirées j’ai rencontré des DJ etc.

DV : Ça bouge bien à Rennes ?

DJ STEAW : Ah Oui c’est l’el dorado ! Enfin maintenant, parce qu’au milieu des années 2000 il n’y avait pas grand chose. Et là franchement depuis 4 ans, depuis que Midi Deux est là, ça bouge beaucoup.

DV : Et pour toi ça a plutôt commencé à Rennes qu’à Paris ? Est-ce que Paris t’a aidé peut-être à décoller ?

DJ STEAW : Non pas spécialement. Quand j’ai décollé vraiment c’était en 2012. Avant je jouais dans des bars à Rennes. Et puis après avec Internet tout va vite, j’ai commencé à signer des disques sur quelques labels que j’aime bien comme Local Talk, et puis mon premier gigg à l’étranger avec la Fabric. Ils m’avaient appelé et ça avait commencé comme ça avec Carl Craig et notamment les Bicep qui sont de bons amis.

DV : Qu’est-ce qui fait que tu vas créer selon ton alias Dj Steaw ou sous Steaward ? Est-ce que c’est une question d’humeur etc ?

DJ STEAW : Ça dépend du temps qu’il fait. S’il pleut ou pas. S’il pleut je produis sous Steaward (rire). Non je rigole, en vérité ça dépend de l’atmosphère, est-ce que ça tape ou si ça tape pas.

DV : Donc Steaward ? C’est Steaw + Hard ?

DJ STEAW : Non pas du tout c’est Baptiste (Ringard) qui m’appelait Steaward en soirée et puis c’est resté.

DV : Ton souvenir le plus marquant ? Ton meilleur gigg ?

DJ STEAW : Je crois que c’est un événement qui s’appelait Raw, c’était à Rennes dans une espèce de cave qui était énorme ( l’élabo ). Ça devait faire plus de 50m de long, un truc très étroit. C’était en after, il y avait mon coloc Théo Muller qui jouait avec Ringard, Mioshe aussi. C’était une teuf incroyable.

J’avais halluciné aussi à la Fabric, au Trésor ou même à Bruxelles, les gens étaient fous. Et puis j’ai aussi pris une claque à l’une des 75021 et au Weather de Montreuil aussi.

DV : C’est quoi une bonne teuf pour toi du coup ?

DJ STEAW : On s’en fout de l’endroit. Ça peut très bien être dans un endroit flingué. Il faut que les gens soient cool, que la musique soit cool et que le son soit super bien réglé et très fort. Si tu as le son qui n’est pas fort, qui est limité, c’est foutu d’avance. C’est comme quand tu regardes Star Wars sur une petite télé alors que tu devrais le regarder au cinéma pour en profiter pleinement.

DV : Est-ce que tu peux nous décrire une des tes tracks ? Dans quel état d’esprit tu étais, ce qu’elle représente pour toi, le processus créatif que tu as emprunté, etc ?

DJ STEAW : Question difficile… Alors ce serait le morceau Rue d’Hauteville. C’était une époque où j’habitais à Rennes, c’est là-bas que je l’ai conçu. J’allais beaucoup chez Gauthier (Gunnter) le week-end sur Paris. Il habite donc dans la Rue D’Hauteville. Et dans son appart il y a tout le temps la teuf. On se trouvait à 30 dans un 24 mètres carrés, c’était un joyeux bordel. Ça marque une époque. Quelques mois après j’arrivais à Paris d’ailleurs. Et Gauthier m’a accueilli un mois quand je suis arrivé. Limite je prenais des vibes chez lui, je faisais la fête, j’écoutais beaucoup de musique et quand je rentrais à Rennes j’étais inspiré.

DV : Qu’est-ce qui t’a fait décoller tu penses ?

DJ STEAW : Franchement je ne sais pas. Ce serait difficile de répondre. Ça va ça vient, on se sait pas toujours trop pourquoi. Peut-être que certains disques n’ont pas plu. Bref , difficile de répondre à cette question.

DV : Quels sont tes prochaines dates en 2016 ?

DJ STEAW : Je vais beaucoup aller jouer à l’étranger à priori je suis bien content. Je vais aller jouer à Manchester, à Bruxelles, à Berlin et peut-être Moscou .

DV : Qu’est ce que tu penses de la scène House actuelle en France ? Et à l’étranger ?

DJ STEAW : C’est bien, c’est même mortel. Ça se bouge le cul ! Moi quand j’ai commencé à jouer y’avait très très peu d’évènements. Tu avais le MP3 qui arrivait aussi. Donc tu avais un nouveau son qui débarquait, des sons très compressés. Les gens produisaient des sons au kilomètre , du coup y’en a eu beaucoup trop. Maintenant moins, ça revient au vinyle. Chacun sa politique.

Maintenant j’hallucine de voir énormément de petits jeunes d’une vingtaine d’années qui connaissent Kerri Chandler, Moodymann, Théo Parrish, je prends une énorme claque ! Alors qu’on est pourtant dans un milieu très underground. Et pourtant tout le monde connaît tout avec Internet. C’est incroyable. C’est d’ailleurs aussi ça qui a relancé les raves. Quand tu vois les gens de mon âge qui sortent beaucoup moins, et les jeunes qui sortent et qui écoutent ça, merci à eux car ils remplissent nos soirées.

DV : Et tu penses pas que c’est juste un phénomène de mode ?

DJ STEAW : Oui oui, mais la mode dure longtemps. Même très longtemps.

DV : Entre 2000 et 2007 y’avait rien par exemple. Donc ça pourrait de nouveau changer.

DJ STEAW : Oui effectivement entre 2000 et 2007 c’était la mort. Mais en soit je sais pas si ça peut changer. Maintenant tu as Internet, Facebook, Twitter . A l’époque y’avait pas Facebook, C’était MySpace. Donc tu vois le niveau de partage était extrêmement limité. Tu pouvais moins partager. Maintenant c’est une vraie toile d’araignée , ça va très très vite. Du coup je ne suis vraiment pas sûr que ça va s’étouffer. Tant que la musique est de qualité, ça continuera. Si Pierre, Paul, Jacques savent qu’il y a une soirée avec un super DJ, ils vont y aller. C’est comme les boulangers, ça fait des années qu’ils font des croissants et des pains au chocolat. Au début tout le monde pensait que c’était un effet de mode et des lustres après au final c’est toi le premier à acheter des croissants pour ta copine. Tu t’en lasses pas.

DV : Un petit défaut qui t’amène à préférer le vinyle ?

DJ STEAW : Le digital c’est cool, mais tu as trop de tracks. Toutes les semaines tu télécharges ou tu achètes une vingtaine de morceaux et du te retrouves avec un disque dur de je sais pas combien de morceaux. T’arrives en soirée tu fais un mix de deux heures, tu comptes 3 minutes par morceaux. Tu en joues une trentaine, une quarantaine alors que tu en as 300 sur ton disque dur, tu en as plein qui passent à la trappe.

DV : Comment tu fais tes sélections ? J’imagine que tu peux répéter un set d’un pays à un autre. Mais quand t’es en France j’imagine que tu essaies de varier un petit peu ?

DJ STEAW : Oui quand je joue à Paris j’alterne à chaque fois !

DV : Mais du coup tu es plutôt le genre de DJ qui prépare ses sets ?

DJ STEAW : Ah non pas du tout. Par exemple même pour mes mix pour les radios j’ai jamais rien préparé. Je pense que ça sert à rien. Imagine demain je viens jouer je ne sais où, j’ai préparé mon set toute l’après-midi en me disant je vais jouer ça puis ça, tu mets tes skeuds dans l’ordre. Puis t’arrives à la soirée, tu mets tes 10 premiers disques et là, personne ne danse, les gens ne sont pas réceptifs. Tu ne peux pas calculer ta recette avant dans ta chambre alors qu’il n’y a personne devant toi. Faut voir l’ambiance, ce qui fait partir les gens, ce qu’ils veulent. En fait je fonctionne beaucoup avec le public. Après t’as forcément quelques « secret weapon » et tu sais que quand tu les mets ils vont péter un câble. Et si t’as préparé ton set et que ta weapon tu la mets à la fin t’es comme un con. Et même au niveau du plaisir c’est complètement plus agréable de faire ça au feeling.

DV : Tu penses que le format vinyle a des défauts ?

DJ STEAW : Oui forcément. D’une part c’est très lourd. Tu te balades avec ta fly case et dans l’avion tu peux la perdre. Alors que si tu as 2 clés USB dans ta poche t’es cool. Ça m’est arrivé plein de fois d’arriver en club et les platines vinyles sont très mal réglées. C’est à dire que y’a qu’un seul côté qui sort par exemple, le volume est trop bas, t’as les cellules qui déconnent, ça saute. Dans ces cas là mes clés USB m’ont sauvé la vie plus d’une fois. Notamment une fois , dans une grosse teuf, et là il y avait une platine qui déconnait complètement,heureusement que j’avais mes clés USB. Si j’avais eu que mes vinyles j’étais foutu. T’en as plein qui négligent le réglage des platines vinyles.

DV : Pour partager les platines avec quelqu’un, faut que ce soit plus qu’un collègue non ?

DJ STEAW : Complètement, il faut bien se connaître musicalement. C’est souvent puissant d’ailleurs. Et y’a toujours le jeu de la surenchère qui est génial.

DV : Y’a t’il des artistes ou des labels que tu suis beaucoup en ce moment ?

DJ STEAW : Ouai il y a le disque de La Chinerie par exemple, qui est pas mal du tout. Ils vont le sortir et je l’ai masterisé. J’étais assez surpris d’ailleurs. Ça faisait longtemps que j’avais pas eu des cartouches avec des morceaux House. C’est un various très cool avec ***, *******, **** ****, ******, **********, **** ******. D’ailleurs superbe morceau de **** ******. Sur le various y’a 3-4 morceaux qui sont vraiment bien.

[ Annotation : On ne vous donne pas le nom des artistes pour garder le secret jusqu’au moment de la release, soyez patients !!! 🙂 ]

Et autrement je regarde pas mal ce qu’il y a à l’étranger. Par exemple il y a Beste Modus . D’ailleurs le dernier Diego Krause sur Unison Wax qui est vraiment mortel, le son est très très bien enregistré en plus. Après je ne suis pas de label vraiment en particulier. Y’a un label qui peut avoir une centaine de releases, j’achèterai peut être qu’un disque.

https://soundcloud.com/unison-wax/diego-krause-unison-wax-04

DV : Donc pas vraiment de label préféré à part Rutilance (rire) ?

DJ STEAW : Bah écoute figure toi que je joue rarement nos morceaux au final. Je les ai déjà tellement écouté. Pendant une semaine tu peux écouter la même chanson quand tu fais le mixage ou le mastering .

DV : D’ailleurs comment tu as appris tout ça ? Il y a beaucoup de producteurs qui ne masterise pas leurs sons.

DJ STEAW : C’est très technique en fait. Avec mon pote Jean Pierre Marotti avec qui je faisais de la musique, on prenait des cours dans un studio car on était confronté à un problème. Quand tu habite à Rennes c’est que t’as un travail avec lequel tu gagnes pas des milles et des cents, le fait d’envoyer ça à des studios de mastering te coûte une blinde. Ça représente vite 100€ le morceau. On avait essayé avec un morceau et le mec nous avait renvoyé un truc pas extra et on se disait limite qu’on faisait déjà mieux avec le peu qu’on avait appris. Du coup on s’est dit qu’on allait se lancer là dedans. T’es complètement autonome au moins.

DV : Un track intemporelle ?

DJ STEAW : Y’en a beaucoup… Le Kerri Chandler « Atmosphere » par exemple. Ou encore Ron Trent USG featuring Monica Elam. Tu as aussi Lil Louis « The French Kiss » qui date de 89 je crois, le gars a traversé le temps.

DV : Une dernière question, des releases de prévu chez Rutilance ?

DJ STEAW : Alors oui y’en a plein ! Dont le fameux various qui sera la release anniversaire, la 10eme. Et après il y en aura pas mal d’autres, j’en ai 5-6 de prévu mais je sais pas encore dans quel ordre je vais les faire.

DV : Mais tu les découvres tout seul ?

DJ STEAW : Pas toujours. En général Gauthier m’aide un peu aussi. Je n’ai pas le temps de mater tous mes messages Facebook et la boîte mail Rutilance

Propos recueillis par Vincent Hardy & Axel Fenaux